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RDC : héritage colonial, guerres des minerais et chaos institutionnel (1885-2024)

Le découpage de l’Afrique en 1885 lors de la Conférence de Berlin a été l’un des moments fondateurs de l’actuel « chaos institutionnel et géopolitique » en République démocratique du Congo (RDC). Ce partage arbitraire, motivé par les intérêts économiques et politiques des puissances européennes, a marqué le début d’une « ère de domination étrangère » qui a profondément bouleversé la société congolaise et jeté les bases de nombreuses tensions encore actuelles. La RDC, alors attribuée personnellement à Léopold II, roi de Belgique, a servi de « théâtre » à une exploitation brutale, où l’usage de l’esclavage et du travail forcé était monnaie courante pour extraire les ressources du territoire. Cette exploitation a mis en place une structure de pouvoir et d’enrichissement centrée sur l’extraction des ressources, qui continue d’être un moteur de violence dans le pays.

De l’esclavagisme colonial à l’indépendance

La colonisation belge, qui a duré près de 60 ans, a renforcé la mainmise sur le pays, en particulier à travers des politiques coloniales sévères qui ont façonné la gestion des terres et des ressources naturelles. Ce système d’exploitation a préparé le terrain pour une transition difficile vers l’indépendance. Bien que la RDC soit devenue indépendante le 30 juin 1960, cette indépendance n’a été qu’un court répit avant de nouvelles crises politiques. Le pays a été marqué par la montée de dictatures successives, à commencer par celle de Mobutu Sese Seko, après l’assassinat de Patrice Lumumba, qui avait pourtant tenté d’instaurer une démocratie véritable. La dictature de Mobutu (1965-1997), avec son régime de corruption et d’autoritarisme, a exacerbé les tensions internes, précipitant le pays dans des « décennies de conflits », notamment après la prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila en 1997.

>> Lire aussi : GÉOPOLITIQUE ET CHAOS INSTITUTIONNEL EN RDC (1960-2024)

Instabilité permanente et génocide

Depuis plus de 120 ans, la RDC a connu une série d’épisodes tragiques mêlant « esclavagisme, colonialisme, dictature et guerre ». À cela s’ajoute une « instabilité militaire et institutionnelle permanente », notamment dans l’Est du pays, dans des régions comme le Kivu. Ces zones, qui regorgent de ressources minières précieuses, ont été l’objet de convoitises et de luttes sanglantes. Depuis le début des guerres du Congo (1996), la population civile a été victime de « massacres de masse ». En effet, les conflits ont causé la mort de « plusieurs millions de personnes », dans ce que certains experts n’hésitent pas à qualifier de « génocide », semblable à celui des Rwandais au Rwanda en 1994.

Les guerres du Kivu : une région stratégique au cœur des convoitises

La région du Kivu, particulièrement touchée par les conflits depuis 2004, est au centre des « enjeux miniers ». Le contrôle des ressources naturelles, comme le coltan et le cobalt, devient une priorité pour les seigneurs de guerre locaux et les milices étrangères. Ces groupes armés, y compris des milices telles que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), cherchent à prendre possession de ces ressources stratégiques pour financer leurs activités et asseoir leur pouvoir. La géographie de la région, à la frontière de pays comme le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, rend le Kivu particulièrement vulnérable à l’ingérence étrangère. Les milices et les armées de ces pays interviennent régulièrement dans le conflit congolais, motivées par la richesse en minerais et les opportunités économiques qu’offre la RDC.

>> Lire aussi : DEUX DÉCENNIES DE CHAOS EN RDC : ENTRE INSTABILITÉ INSTITUTIONNELLE, MANIPULATION DÉMOCRATIQUE ET INFLUENCE INTERNATIONALE

Exploitation des ressources et violations des droits humains

Les enfants et les femmes paient le plus lourd tribut dans cette « guerre des minerais ». Les enfants sont souvent enrôlés de force par les milices pour servir de soldats ou travailler dans les mines dans des conditions inhumaines. Ces enfants mineurs deviennent des « machines de guerre ou de main-d’œuvre pour l’extraction des minerais », tandis que les femmes subissent des « viols systématiques ». Les minerais extraits de ces mines contrôlées par des groupes armés trouvent leur chemin sur le marché international, où des entreprises multinationales, malgré les avertissements d’organisations telles qu’Amnesty International, continuent d’utiliser ces ressources dans la fabrication de produits électroniques.

Les efforts internationaux et les limites de l’intervention

Face à cette « tragédie humanitaire », la communauté internationale est intervenue par le biais des Nations Unies, notamment à travers les Casques bleus. Toutefois, ces interventions, bien qu’essentielles, n’ont pas suffi à mettre fin aux violences dans l’Est de la RDC. En dépit des traités de paix signés à plusieurs reprises, les conflits persistent. Le gouvernement congolais, même sous la présidence de Félix Tshisekedi, peine à restaurer une véritable stabilité dans les régions les plus touchées. Le processus électoral ayant porté Tshisekedi au pouvoir est lui-même sujet à controverses, certains opposants politiques, comme Martin Fayulu et Moïse Katumbi, dénonçant des fraudes électorales.

Conclusion

L’histoire de la RDC est celle d’un pays riche en ressources mais marqué par des luttes de pouvoir internes et externes, dont les causes remontent à la « période coloniale » et se perpétuent à travers l’exploitation des ressources naturelles. « Le chaos institutionnel persistant, la corruption, la guerre des minerais et l’ingérence étrangère ont tous contribué à maintenir le pays dans une instabilité chronique ». Les efforts pour résoudre cette crise semblent inefficaces face à l’ampleur des intérêts économiques et politiques en jeu, tandis que la population congolaise continue de souffrir des conséquences de ce conflit prolongé.

>> Lire aussi : LA RDC : « DEUX DÉCENNIES DE CHAOS INSTITUTIONNALISÉ DEPUIS L’ACCORD DE SUN CITY »

Gédéon Kambale

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