A l’issue d’une enquête, certains creuseurs artisanaux ont été arrêtés à Kolwezi dans la province de Lualaba au sud-ouest de la République démocratique du Congo. Actifs sur les permis miniers du groupe kazakh Eurasian Resources Group (ERG), qui a son siège social au Luxembourg, ces creuseurs artisanaux ont été auditionnés et ont, par la même occasion fait des révélations accablantes mettant en scène certains membres de la famille présidentielle ainsi que la gouverneure de Lualaba. Issue du démembrement de l’ancien grand Katanga en 2015, province du Lualaba, grand bastion minier en République démocratique du Congo avec notamment la production du cobalt est à ce jour convoitée par plusieurs sociétés et organisations minières qui veulent à tout prix se lancer à l’exploitation de cette manne minière. Cette région est aussi le cœur d’un affrontement dont les intérêts se jouent de Kolwezi à Kinshasa, en passant par Paris et Abu Dhabi.
Un vaste deal minier
Au cœur de ce deal se trouve le fameux permis PE 591 qui attire toute convoitise. Le fait qu’ERG soit propriétaire du permis ne devait pas faire obstacle. En janvier 2022 devant le tribunal de commerce de Kolwezi, la Gécamines avait fait savoir que le conglomérat minier Kazakh ne contre-attaque en se tournant vers la justice arbitrale à Paris. La procédure judiciaire française a immédiatement abouti au retrait du dossier de la Gécamines de la justice congolaise, anéantissant les espoirs à court et moyen terme de l’autre partie. Le PDG de l’ERG, Benedikt Sobotka, a fait plusieurs voyages à Kinshasa à rester en contact avec le président Félix Tshisekedi ; cependant, malgré le fait que leur dernière rencontre ait eu lieu lors de la célébration de l’anniversaire du président le 13 juin, la situation n’est pas devenue moins tendue malheureusement.
Des soupçons de corruption
Dans cette affaire, la hiérarchie de l’armée congolaise, notamment de la 22ème région militaire est soupçonnée de s’être trempée dans une corruption dans le cadre de cette affaire. Ce qui a conduit le groupe kazakh à se tourner vers le ministère de la défense, pour solliciter l’appui de l’Inspection générale des FARDC. Une demande qui a été traitée positivement par Jean Pierre Bemba, ministre congolais de la défense qui avait envoyé une commission d’enquête dans la région de Kalukundi le 16 juin dernier. Conduite par le général-major Charles Muhindo Akili dit Mundos (sous sanctions des Nations unies), cette mission a été effectuée par une dizaine d’autres officiers de l’armée congolaise. Cette délégation a eu des échanges fructueux avec les représentants de la société ERG.
Dans un rapport de cette méga société Kazakh, apparaît clairement le nom de « Maman Marthe », mère biologique du Président de la République Félix Tshisekedi. Faustin Kabamba, coordinateur des creuseurs s’est confié à l’équipe en confirmant que « la concession appartient à Maman Marthe » sous la supervision de Thierry, Christian et Robert Tshisekedi, frères biologiques du président en exercice de la RDC.
Le rôle en coulisses de Fifi Masuka
Réputée fidèle au président Tshisekedi, la gouverneure du Lualaba Fifi Masuka Saini a créé un centre de négoce de minerais à Musompa à travers un arrêté provincial qu’elle a signé en 2022. Elle est fondatrice de la Coopérative minière pour le bien-être des exploitants artisanaux du Katanga (Comibakat), une coopérative qui, en coulisse met en œuvre du permis PE 591 qui suscite de nombreuses interrogations au sein du microcosme minier du Lualaba. Une société qu’elle a par la suite cédée à ses fils et cousins mais affirme n’avoir plus de mainmise dans cette société et dit n’est plus être au courant de sa présence dans la zone de Kalukundi.
Hussein Sufan et son homologue libanais Ali Zayad sont ceux qui organisent actuellement cette société. Réputé très discret dans le minier au Lualaba, ce dernier a été même auditionné par cette équipe de l’armée dépêchée à Kolwezi.
©2023 – Paulin AGANZE, LNL NEWS