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Friday, September 27, 2024

RDC : LE KIVU DECHIRE AVEC LE CONCOURS NON-NEGLIGEABLE DES CONGOLAIS

Pire, le Kivu poursuit sa descente aux enfers depuis la guerre de 1996 et, malheureusement, avec le concours non-négligeable des Congolais. Cet article proposé par Leo Njo Leo News discute les faits qui placent les élites zaïroises / congolaises au centre du drame que vivent les populations du Kivu depuis plus d’une décennie. L’instrumentalisation des élites locales et la promotion des agendas ethniques comme piliers des programmes politiques dans le système MPR ont fait de la violence, le moyen de l’ascension politique et économique des uns et de la victimisation des autres : « Violences politiques de 1962-1965, violences foncières des années 1970 et 1980 et violences identitaires au cours des années 1990 ».

L’analyse de cette complicité est évaluée à la lumière de trois grilles de lecture des événements, que nous avons intitulées : « La crise de leadership au Kivu, la combine de l’opposition (anti-Mobutu et anti-Kabila) en général et le mercenariat de l’Armée Nationale ». L’aveuglement politique a été la source tantôt de la xénophobie anti-rwandaise, tantôt des alliances avec les Tutsis, d’abord pour la marginalisation politique des Hutus dans un régime dominé par les clans Mobutu, Bisengimana, Kengo, Rwakabuba, Gahiga, Miko Rwayitare et ensuite pour la destruction des camps des réfugiés Hutu, étape décisive dans la conquête et l’occupation du Kivu par les troupes rwandaises, ougandaises et burundaises.

La crise du Kivu est avant tout une crise de leadership

Le manque de consensus sur le statut du Kivu dans un contexte de forts sentiments autonomistes a poussé certains politiciens du Kivu à se placer dans l’orbite du gouvernement central à Léopoldville et d’autres dans celle du gouvernement pro-Lumumba à Stanleyville.

On a observé un manque de vision et de bon jugement politique :

  • Dans la gestion de cet épineux dossier du problème rwandais entre 1960 et 1965 (resté émotionnel pendant quatre décennies). D’abord, Mobutu avait coopté certains Kivutiens et en avait fait les grands dignitaires de son régime et l’instrument de sa politique au Kivu : Mobutu avait bénéficié des complicités parmi l’élite locale [aux compétences indéniables] qui avait abdiqué sa volonté et son patriotisme et avait choisi la voie d’un gain facile et du confort procurés par les privilèges associés à l’exercice du pouvoir.Certains ont copié Mobutu en ce qu’il avait de bon et de mauvais, alliant l’enrichissement illicite et l’étalage du confort, le favoritisme envers les membres du clan et la discrimination des tiers, le clientélisme, la perte du sens moral, l’égocentrisme et l’insensibilité vis-à-vis de l’intérêt public.

  • La complicité locale autour d’un projet de la création des Etats-Unis en Afrique Centrale (l’un des objectifs de l’ethnie Tutsie).

  • L’implication des originaires du Kivu dans la gestion de la province. Mobutu avait confié la gestion de la province à des non-originaires de 1966 à 1991. En dehors de quelques rares exceptions, les gouverneurs importés et responsables provinciaux n’ont œuvré que très peu pour le développement de la Province. Au contraire, ils n’ont fait que « se servir ou se faire servir » et enrichir les barons de Kinshasa, surtout depuis les mesures de zaïrianisation et la loi foncière de 1973. Différents abus commis par l’administration foncière et les chefs coutumiers ont fait que les populations autochtones et immigrées se sont retrouvées petit à petit dépouillées des terres qu’elles considéraient comme leur appartenant, ont été contraintes à l’immigration vers les nouvelles terres ou vers la ville, ou au servage auprès des propriétaires, généralement Tutsi éleveurs…. Les cadres non-originaires ont été accusés de commettre des tracasseries pour s’enrichir et de ne pas se préoccuper de l’intérêt des populations locales et de leurs coutumes.

La crise du Kivu, la combine de l’opposition congolaise.

Le « ôte-toi que je m’y mette » ou le règlement de comptes avec Mobutu fut la première grande erreur. La combine de l’opposition pris en otage et manipulée comme un jouet par des groupes d’intérêts étrangers a brillé par ses divisions internes et son manque de lucidité et de réalisme. Ils ont imaginé mal que « les Tutsis puissent pousser leurs ambitions jusqu’à Kinshasa et y imposer leur loi ».  Les opposants anti-Mobutu et Kabila ont continué à servir de têtes de pont à l’occupation du Kivu par les Tutsis depuis le 2 août 1996 et anti-autorité centrale à Kinshasa depuis l’assassinat de Mzee Kabila le 16 janvier 2001, contribuant par ce fait même à la réalisation du plan de la partition du pays.

Ce sont encore les non-originaires du Kivu : les Ondekane, Bemba, Chapulu, Wamba dia Wamba, Lunda Bululu, Emile Ilunga, Ilunga Shamwanga, Onusumba, Albert Mende, et Kin-Kiey Mulumba) qui, à partir de Kigali, Kampala, Goma, Kisangani, Mbandaka, Bunia, ont joué le jeu des envahisseurs comme Laurent Désiré Kabila et Kisase Ngandu l’avaient fait.

Ce sont aussi ces intellectuels qui réduisent la crise du Congo au conflit Hutu-Tutsi lorsqu’ils clament « Je ne suis ni Hutu ni Tutsi » pour ne pas démêler ses complexités et justifier leur indifférence face aux bévues de l’AFDL et du RCD à l’encontre des Hutus ou Tutsis ou d’autres populations du Kivu qui sont prises en otages.

La crise du Kivu est enfin le « mercenariat » de l’Armée Nationale

Le Nord-Kivu était, depuis une douzaine d’années, la province la plus militarisée dans le pays. Tout a commencé quelque temps après la prise du pouvoir en Ouganda par Museveni en 1986. Mobutu avait dépêché des militaires pour stationner dans le territoire de Beni (Est du Congo : la rébellion perdue des ADF-Nalu) et ils y sont restés jusqu’à la guerre de l’AFDL. Et dès que la guerre avait éclaté à Walikale, Masisi et au Bwito (Rutshuru) en 1993, Mobutu avait dû placer ses propres soldats dans le Nord-Kivu pour faire cesser ces massacres.

Au lieu de travailler pour la paix, tous ces militaires, en commençant par la hiérarchie, se sont intéressés « aux pillages, aux extorsions et aux petites affaires ». Les vaches de Masisi ont été les premières à faire les frais de ce business des hommes en uniformes. A l’éclatement de la guerre de l’AFDL, les populations du Kivu ont été abandonnées à leur triste sort. Le Haut Commandement militaire des deux provinces (Sud et Nord-Kivu), dans son ensemble et pour des raisons diverses (mariage, alliances mafieuses dans le trafic des vaches et, parfois, des minerais ; alliance ancienne avec les membres actifs et « sympathisants » du FPR au Kivu et, par conséquent, impliqués dans la déstabilisation des réfugiés Hutu) avait complètement oublié sa mission de protéger le territoire national et les citoyens du Kivu.

Le malheur au Kivu (guerre, rebellions, tueries, viols, massacres, trafic des minerais, …) a dévoilé la vraie image de l’ « Armée Nationale » de Mobutu et des certains Hauts gradés de la FARDC. L’insécurité généralisée à l’Est du pays suit l’exemple des années 89 à 96. Au Kivu, l’ennemi considèrent que l’armée Congolaise est « devenue sa famille ». Ce qui crée un désordre dans le rang des FARDC et offre la victoire à l’ennemi de la nation Congolaise.

Joseph Kabila Kabange a déjà assuré aux ennemis d’hier « une nouvelle vie sur l’échiquier politique congolais » : accession à des postes stratégiques de l’armée, une bonne affaire des anciens seigneurs de guerre. Comme Constant Ndima, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, un grand nombre de généraux de premier plan trainent aujourd’hui « un lourd passif ». Certains ont acquis une réputation de véritables trafiquants. Plus encore, certains ont été associés aux « exactions dirigées contre les populations civiles » et leur « implication dans des affaires de détournement » est documentée par diverses organisations internationales.

La revue du statut des commandants intouchables au sein de la FARDC considérés comme « historiques des FARDC » est loin d’être arrivée. Face au règne de ces commandants aux réputations sulfureuses et bien conscients de l’impunité dont jouit leur hiérarchie, la situation du Kivu n’a absolument pas changé et la marche vers la paix serait longue.

© 2022 Rédaction Leo Njo Leo News

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