Le ministre de la Communication de la République démocratique du Congo explique la position de Kinshasa dans le dossier actuel avec le Rwanda. Et évoque la revendication de Félix Tshisekedi d’une mobilisation des jeunes et d’un enrôlement militaire pour combattre notamment le M23.
Le gouvernement congolais s’oppose à l’opinion populaire.
Le problème est que dans cette crise, la communauté mondiale agit de manière hypocrite. On ne peut pas prétendre que le M23 est doté de capacités militaires conventionnelles en omettant de se prononcer sur le Rwanda. Le travail de Denis Mukwege mérite des éloges, mais il faut aussi dénoncer ceux qui perpétuent cette cruauté. Certains membres de la communauté internationale peuvent considérer l’Ukraine comme étant beaucoup plus importante, mais ils doivent comprendre que les actions du Rwanda ne sont pas différentes de celles de la Russie. Les relations entre le Rwanda et la RDC sont assez froides mais pas figées. L’ancien ambassadeur du Rwanda en RDC évoque le conflit entre les deux voisins deux jours après avoir quitté Kinshasa après avoir été limogé de son poste.
Il avait pris l’avion pour Ndjili en juillet 2020, mais Vincent Karega a quitté Kinshasa pour Kigali via Brazzaville 27 mois plus tard sur un petit bateau. La destitution de l’ambassadeur du Rwanda en RDC, annoncée le 31 octobre, a été l’acte final d’une escalade politique et diplomatique entre les deux pays, même si elle ne signifie pas une “rupture des relations diplomatiques”. Il a décidé de répondre aux questions malgré le fait qu’une nouvelle attaque rebelle est en cours et que Kigali est accusée d’aider le M23 par la RDC depuis novembre. Plusieurs efforts diplomatiques ont été déployés en coulisses pour tenter de désamorcer la situation. Sur le plan militaire, l’annonce de l’imminence ‘arrivée des troupes kenyanes a donné un nouveau souffle à la force régionale conjointe, dont le déploiement tarde depuis des mois et pose encore divers problèmes. Le ministre congolais de la Communication, Patrick Muyaya, a consenti à répondre à Jeune Afrique dans cette situation difficile.
LA VERITE?
Quand on essaie tout ce qui est diplomatiquement possible depuis plus de trois ans pour mettre fin à des décennies de violence mais que rien ne change, il faut bien admettre qu’on n’a besoin de modifier la stratégie. Le président a mis les choses au clair en déclarant que nous options pour la diplomatie plutôt que pour la violence. En vérité, nous sommes déjà en guerre, mais c’est un état qui nous a été imposé par d’autres. Afin d’essayer d’engager un dialogue avec les groupes armés, dont le M23, et d’aborder la question de l’insécurité persistante, il était important pour nous de nous rendre à Nairobi en mai. Tout le monde l’avait accepté avant le soulèvement du M23, qui était soutenu par le Rwanda. Parce que la guerre lui permet de continuer son pillage, il est clair que le Rwanda n’a aucun intérêt à ce que la RDC soit en paix. Le président a discuté de rejoindre l’armée et les organisations de surveillance. Vous devez faire la distinction entre les deux. Vous pouvez faire preuve de prudence sans nécessairement rejoindre l’armée. Aujourd’hui, tout le monde doit être actif; personne ne devrait croire que c’est l’affaire des autres. Le message est celui-là. Afin de vérifier les infiltrations, les jeunes doivent jouer un rôle proactif.
D’autre part, ceux qui le souhaitent peuvent également s’impliquer. Une armée d’invasion comme le M23 ne peut être comparée aux FDLR. Au Rwanda, ces derniers font plus de mal qu’au Congo. Ils ne menacent en aucune façon Kigali. Quand les Rwandais prétendent que nos troupes et leur mouvement ont collaboré, c’est faux. Au début, l’objectif principal n’était pas de mettre fin aux organisations armées par le recours à la force. C’est pour cette raison que nous avons mis en place les processus de Nairobi et de Luanda. Le Rwanda est la source de l’obstruction en ce moment. En conséquence, la force régionale sera déployée pendant que le processus politique se poursuit. Il y aura des avertissements, mais le rôle premier de cette force sera de maintenir la paix. En RDC, nous n’avons jamais découvert de matériel militaire ougandais. Bien que nous ayons entendu des informations à cet effet, nous utilisons toujours les canaux appropriés pour tout confirmer. Les Rwandais, en revanche, savent qu’un membre de leurs forces militaires a été récemment localisé et amené au mécanisme de vérification de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
© 2022 – Eric Kuikende, LEO NJO LEO NEWS