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Friday, September 27, 2024

RDC : Massacres de Kishishe, Michel le seul témoin oculaire ?

L’ « horreur » est restée à l’honneur, dans plusieurs villages de l’Est de la RDC dont Kishishe où le duo M23-RDF ont signé un « bain de sang pour des populations innocentes ». Les éléments de la MONUSCO tout comme ceux de l’Est Africa Community régional forces ou encore des FARDC, personne n’a secouru les populations dont les corps se putréfient aujourd’hui en douceur, dans les fosses communes. Plusieurs dizaines de citoyens tués à Kishishe et ailleurs par le M23-RDF, mais qui pansera les plaies béantes des congolais ?

Plus de 300 Personnes, selon le ministre congolais en charge de l’Industrie Julien PALUKU, 170 personnes selon l’organisation des nations unies, ont été tuées à Kishishe en RDC, le 29 novembre 2022 par le mouvement du 23 mars, une cohorte terroriste conduite par le Rwanda.

Les chiffres auraient pu être bien plus costauds que ceux qui figurent dans les différents rapports, y compris dans le livre blanc du gouvernement publié en décembre 2022. Bien au contraire, les violons ne s’accordent toujours pas autour des chiffres, des auteurs, ni des circonstances dans lesquelles lesdits massacres ont été commandités.

Il aurait fallu que Michel, seul témoin oculaire de l’évènement gaube toutes les odeurs d’une latrine, pour tout documenter : voir le sang des innocents couler à l’allure des flots sur la mer en pleines vagues. « Ils leur ont dit de s’asseoir au bord du trou et ils ont commencé à les abattre. » sa seule prière n’aura été « que les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) ne le découvrent de sa cachette ».

Le matin d’un certain samedi le 29 mars les rebelles redescendent sur Kishishe, bourgade de l’est de la (RDC), qu’ils venaient d’occuper une semaine plus tôt. C’était durant des moments qui avaient fait suite aux combats contre l’armée congolaise. Tout partait alors d’une attaque par des miliciens « maï-maï » de la colonne de rebelles. En cours des munitions, ces « maï-maï » coururent « se cacher dans les habitations ».

Des personnes cibles…

C’est une véritable chasse à l’homme qui se déclenche ce 29 novembre 2022.  Les terroristes, comme le qualifient le gouvernement, « fouillent les maisons et abattent tous les individus masculins qu’ils trouvent. Ni les forces de sécurité congolaises, ni les casques bleus des Nations Unies ne sont intervenus ».

Debout à la devanture d’une des fosses communes creusées dans une bananeraie, à deux pas de l’église adventiste où s’étaient réfugiées des dizaines de personnes, Michel témoigne : « Ils ont commencé à tuer dans tous les sens ». « Ils disaient que tous les hommes qui étaient ici devaient disparaître de la Terre. »

Ce quadragénaire, agriculteur de profession, remémore encore la scène macabre de ses voisins. « Même le pasteur et son fils… ils les ont tués ».  Là-haut, poursuit-il, « il y a d’autres corps ! ». C’est curieusement, un décor des fausses communes à Kishishe. A des très proches distances, l’on s’aperçoit toujours des fausses communes : « Il y a quatre personnes enterrées ici », faisait aussi savoir un autre habitant.

>> Lire : URGENT : DES POPULATIONS CIVILES MASSACREES A KISHISHE PAR RDF-M23

Les enterrés sont des rois !

Il faut être né chanceux pour être enterré même dans une fausse commune. Sinon pour le reste, l’on se contente de la mort, humiliante ou pas. Des corps de ceux qui n’ont pas eu la chance d’être enterrés jonchent le sol. Mouches, personnes… tout le monde le contemple, drôle pour les enfants qui en subissent le coup dur. « Ces deux-là sont des maï-maï, ils avaient des grigris », explique un habitant le nez couvert.

C’est un Jérusalem des morts, on dirait ! Ce qu’est devenu l’Est de la RDC. Comme dans un magasin, des récents, des anciens, des plus récents ou encore ceux en début ou en pleine décomposition, tous les types des cadavres sont à voir dans plusieurs coins où sont passés les éléments de l’armée Rwandaise mêlés à ceux du M23.

« Ces morts-là ne datent pas de novembre ». explique un citoyen. La plupart de ces cadavres produisent encore des odeurs à ne pas supporter, les sentir fait d’ailleurs vomir certains. Ou carrément pour les âmes sensibles, il faut se bander les yeux et s’arranger de ne pas les voir de ses yeux.

Outre Michel, Fabien (nom d’emprunt) a lui aussi vu « avec certitude », la mort de 33 personnes. Avec d’autres rescapés, « il a été forcé par le M23 d’enterrer » les corps dont certains étaient même ceux de ses proches. Fabien a même vu une maison où les éléments du M23 « ont entassé des troncs d’arbres sur les personnes qu’ils avaient tuées : ils ont versé de l’essence et ont mis le feu ».

>> Lire AuSSI : LES ATROCITES DE L’ARMEE RWANDAISE EN RDC SONT MISES EN LUMIERE

Qui, pour panser ces plaies qui saignent ?

Ils sont tous morts, ceux pour qui on panserait les plaies. A la main, un notable du coin a pris le courage de consigner les noms sur une liste de trois pages. « Les maï-maï portaient des habits civils par-dessus des tenues militaires, c’est pour ça qu’ils [les membres du M23] ont commencé à entrer dans chaque maison, poursuit cet homme. S’ils trouvaient un garçon de 14 ans révolus ou un homme, ils le tuaient, même s’il n’avait pas d’arme. C’est comme ça que les gens ont été tués à Kishishe ! ».

Mais pour le gouvernement à travers son livre blanc, il s’agit « des massacres ciblés d’épuration ethnique ». Le gouvernement qui pointe le duo M23-RDF, précise que les personnes issues des tribus Hutus et Nande, ont occupé la grande proportion des personnes massacrées. Et dans la foulée, l’on justifie cela par le fait que ces tribus ont toujours constitué depuis longtemps, « un frein, aux appétits d’évasion et d’hégémonie du Rwanda en RDC ».

Tout le monde réclame réparation pour des morts, mais jamais personne n’a osé expliquer que fera-t-on pour panser les âmes blessées et récupérer les générations spirituellement fauchées pour avoir vécu les scènes macabres.

La désolation est grande et grandira au fil des années que croitront les enfants qui remémoreront toujours les violences sanguinolentes de l’Est de la RDC. Ce qui fâche encore de plus de plus, c’est les personnes massacrées n’ont été secourues par qui qu’il eut été. « Ni l’armée congolaise, ni la force régionale est-africaine en cours de déploiement dans la région, ni les casques bleus ne sont venus assurer la sécurité des habitants meurtris et occuper le vide laissé par le départ du M23, aujourd’hui stationné à une vingtaine de kilomètres au sud-est du village.

Abandonnés à eux-mêmes, les habitants de Kishishe tentent de reprendre le cours de leur vie et de tromper la peur d’un possible retour des rebelles ».

©2023 – John TSONGO-LNL News

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