24.2 C
Kinshasa
Friday, September 27, 2024

Rwanda : du maintien de la paix à l’exploitation minière en RCA

La participation du Rwanda aux missions de maintien de la paix en RCA via la MINUSCA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique) a servi de « porte d’entrée stratégique » pour asseoir une influence plus large, tant sur le plan sécuritaire qu’économique. Cette dynamique concernant la transformation de la participation du Rwanda dans les missions de maintien de la paix en République Centrafricaine (RCA) et au Mozambique en « accords économiques », notamment dans le domaine des permis miniers, reflète un « modèle de coopération hybride », mêlant des intérêts militaires et économiques.

La coopération sécuritaire comme prétexte

Le Rwanda est devenu un contributeur important aux forces de maintien de la paix de l’ONU, en particulier en RCA. Sous l’égide de la MINUSCA, les troupes rwandaises ont aidé à stabiliser certaines régions et à protéger des personnalités clés du gouvernement centrafricain, dont le président Faustin-Archange Touadéra.

Cette proximité avec le pouvoir centrafricain, liée à leur rôle de « stabilisateur », a permis au Rwanda d’obtenir la confiance du gouvernement centrafricain. Cependant, au-delà du maintien de la paix, le Rwanda a su convertir son « rôle militaire » en une « opportunité économique » en proposant une coopération plus large, y compris dans des secteurs stratégiques comme l’exploitation minière.

>> Lire aussi : L’ÉMERGENCE DU RWANDA EN RCA : UNE NOUVELLE CONCURRENCE POUR WAGNER ?

Cette proximité sécuritaire a rapidement évolué en une « coopération économique ». Le président Touadéra, pour remercier le soutien militaire rwandais et assurer une stabilisation de long terme, a octroyé des « permis miniers au Rwanda », lui permettant d’exploiter des ressources naturelles précieuses comme l’or et les diamants. Cela s’inscrit dans une stratégie de diversification des partenaires économiques pour le régime centrafricain, qui cherche à ne pas dépendre uniquement de la Russie et de Wagner.

Le partenariat minier entre la RCA et le Rwanda reflète donc une « stratégie d’échange mutuel » : le Rwanda sécurise militairement certaines zones pour la RCA, et en échange, il accède à des opportunités économiques majeures. Cela a frustré des acteurs comme Wagner, qui voyaient ces ressources comme leur chasse gardée.

Un modèle répliqué au Mozambique

Le Mozambique suit une trajectoire similaire, où le Rwanda a également su capitaliser sur son rôle sécuritaire pour gagner des avantages économiques.

Le Rwanda a envoyé ses troupes au Mozambique en 2021 pour aider le gouvernement mozambicain à « éradiquer les groupes armés islamistes dans la région du Cabo Delgado », une zone riche en ressources naturelles, notamment en gaz naturel. Cette intervention a été vue comme un succès militaire, ce qui a permis de sécuriser les « projets énergétiques internationaux », notamment ceux liés à la France, à travers la société « TotalEnergies ».

En échange de son intervention militaire, le Rwanda a reçu un « accès préférentiel aux ressources naturelles du Mozambique », y compris des « concessions minières » et d’autres accords économiques. Ce modèle de « sécurité contre ressources » est similaire à ce qui s’est produit en Centrafrique. En plus de ses bénéfices économiques, le Rwanda renforce son statut de partenaire stratégique pour les gouvernements africains et les acteurs internationaux, tout en consolidant son influence régionale.

>> Lire aussi : RWANDA, LE SYMBOLE DE L’ÉCONOMIE DES ARMES ?

Les facteurs déterminants de cette « transformation »

Le passage de la participation à des missions de maintien de la paix à l’obtention de « contrats économiques majeurs », comme les permis miniers, s’explique par plusieurs facteurs :

Le double rôle militaire et diplomatique : Le Rwanda utilise habilement sa position de « force militaire reconnue » dans les opérations de maintien de la paix pour se positionner comme un « allié stratégique » dans la gestion des conflits internes des pays. En sécurisant les régions critiques, le Rwanda devient un acteur incontournable sur le terrain, facilitant l’accès à des négociations économiques.

Influence croissante de Paul Kagame : Le président rwandais Paul Kagame a su utiliser la réputation internationale de son armée et sa propre influence diplomatique pour tirer parti de ces relations militaires. Son gouvernement est perçu comme stable, discipliné et efficace, ce qui incite d’autres dirigeants africains à faire confiance à Kigali pour « stabiliser leurs propres régions instables », tout en offrant en échange des accords lucratifs dans le secteur minier et énergétique.

Défaillance des institutions locales : Les faiblesses institutionnelles dans des pays comme la RCA ou le Mozambique permettent à des acteurs comme le Rwanda de combler le vide en matière de sécurité. Cela donne au Rwanda une « position de force » dans les négociations économiques, car il offre non seulement un soutien militaire, mais aussi une « stabilité politique » aux gouvernements fragiles africains.

Pressions internationales : Les puissances internationales, telles que la France, ont parfois un intérêt à encourager l’implication du Rwanda dans ces conflits, sachant que cela permet de protéger les projets énergétiques et miniers dont elles dépendent. Ainsi, l’engagement du Rwanda est aussi perçu comme une manière d’assurer la « protection des investissements internationaux », ce qui justifie son accès à des « concessions minières ».

>> Lire aussi : L’IMPLICATION DU PRÉSIDENT FRANÇAIS, EMMANUEL MACRON AU MOZAMBIQUE

Stratégie de sécurité contre ressources

Le modèle rwandais, qui transforme son intervention militaire dans les missions de maintien de la paix en avantages économiques via l’obtention de permis miniers, illustre une « stratégie habile » de « sécurisation des intérêts nationaux » tout en renforçant son influence régionale et internationale. Que ce soit en RCA ou au Mozambique, le Rwanda profite de son rôle sécuritaire pour s’assurer des « bénéfices économiques substantiels » dans des secteurs stratégiques comme les ressources naturelles, au détriment d’acteurs locaux ou étrangers comme Wagner en RCA.

Didier SANGARA

LNL News 2024, Tous droits réservés.

Guinée: la présidence dément des “coups de feu” près du palais présidentiel

La présidence de Guinée a démenti jeudi que des "coups de feu" avaient été tirés près du palais présidentiel dans la capitale Conakry, où...

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Articles les plus populaires

TRANSLATION