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Friday, September 27, 2024

Soudan : qui fournit les armes à al-Burhane et Hemetti ?

Au Soudan, la guerre civile qui a éclaté en avril 2023, est l’un des conflits les plus meurtriers du monde, avec plus de 150 000 morts. Malgré un embargo sur les armes imposé par les Nations Unies, les deux généraux qui se disputent le pouvoir, Abdel Fattah al-Burhan des Forces armées soudanaises (FAS) et Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemetti, des Forces de soutien rapide (FSR), continuent d’obtenir des armes grâce à des soutiens internationaux.

Soutien à Hemetti (FSR)

Hemetti bénéficie d’un soutien militaire et financier crucial de plusieurs puissances étrangères. La Russie, à travers le groupe Wagner, et le commandant libyen Khalifa Haftar lui ont fourni des armes et des équipements militaires, tels que des hélicoptères. De plus, les Émirats arabes unis (EAU) jouent un rôle central en finançant Hemetti, lui fournissant des armes et du soutien logistique. Ses relations étroites avec des dirigeants émiratis, notamment Mansour bin Zayed Al Nahyan, ont renforcé son influence militaire.

Soutien à al-Burhan (FAS)

De son côté, al-Burhan reçoit un soutien significatif de l’Égypte, qui lui fournit des armes et un appui politique. L’intérêt de l’Égypte est de maintenir la stabilité dans le nord du Soudan et de contrebalancer l’influence croissante de Hemetti. Le soutien égyptien contribue à l’approvisionnement en armes des forces armées soudanaises malgré l’embargo international.

Ces soutiens étrangers aggravent le conflit, prolongeant les hostilités et rendant difficile toute solution pacifique.

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Quels intérêts la Russie et les Émirats pourraient-ils tirer de leur soutien au général Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom d’Hemetti ?

L’implication de la Russie et des Émirats Arabes Unis (EAU) dans le soutien à Hemetti au Soudan est motivée par des intérêts stratégiques, à la fois économiques et géopolitiques.

La Russie vise à renforcer son influence militaire et économique en Afrique en soutenant Hemetti, notamment à travers l’idée d’établir une base navale sur la mer Rouge et d’exploiter les richesses naturelles du Soudan. Les Émirats, quant à eux, poursuivent des objectifs similaires, cherchant à établir une base militaire dans la région et à contrer l’influence de rivaux comme la Turquie et le Qatar. Les deux puissances voient dans Hemetti une opportunité de redessiner l’équilibre des forces dans la Corne de l’Afrique.

Russie : un intérêt géopolitique et militaire

Le soutien indirect de la Russie à Hemetti, à travers le général Khalifa Haftar en Libye, s’inscrit dans une stratégie plus large de la Russie en Afrique. En soutenant Hemetti, la Russie cherche à renforcer sa présence militaire et politique dans la région, en particulier dans la Corne de l’Afrique, une zone hautement stratégique.

1. Base militaire au Soudan : La Russie souhaite établir une base militaire au Soudan, notamment à « Port-Soudan » sur la mer Rouge. Ce port offre un accès direct à l’une des voies maritimes les plus stratégiques au monde, reliant l’Europe, l’Asie et l’Afrique. « Contrôler ou influencer cette zone permettrait à la Russie de renforcer sa projection de pouvoir non seulement en Afrique mais aussi au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est. Un renversement d’al-Burhan par Hemetti pourrait faciliter la réalisation de cet objectif si Hemetti s’avérait plus favorable à la Russie que son rival.

2. Contrôle des ressources : Le Soudan est riche en ressources naturelles, notamment en or. Le groupe Wagner, à travers ses opérations en Afrique, est soupçonné de s’intéresser à l’exploitation des ressources soudanaises. En soutenant Hemetti, qui a déjà des intérêts dans les mines d’or au Darfour, la Russie pourrait consolider son accès à ces ressources précieuses.

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Émirats Arabes Unis : un jeu d’influence régionale

Les Émirats, quant à eux, cherchent à maintenir leur influence dans la Corne de l’Afrique, une région clé pour leurs ambitions militaires et commerciales.

1. Base militaire stratégique : Comme vous l’avez mentionné, les Émirats ont tenté sans succès d’établir une base militaire dans la Corne de l’Afrique. Le soutien à Hemetti pourrait leur offrir une nouvelle opportunité de sécuriser une présence militaire au Soudan. Une base militaire dans cette région leur permettrait de contrôler davantage les routes commerciales vers la mer Rouge et d’avoir un accès privilégié aux marchés africains et asiatiques.

2. Rivalité avec la Turquie et le Qatar : Le soutien des Émirats à Hemetti pourrait aussi être vu comme une manière de contrer l’influence de la Turquie et du Qatar, qui soutiennent historiquement al-Burhan et le gouvernement soudanais. En appuyant Hemetti, les Émirats cherchent non seulement à affaiblir l’influence de leurs rivaux dans la région mais aussi à garantir un régime ami avec qui ils pourraient entretenir des relations économiques et stratégiques avantageuses.

Comment mettre fin à la guerre au Soudan ?

Une solution serait d’organiser un « sommet multilatéral régional », peut-être sous l’égide de la Ligue arabe, afin d’établir un « accord de partage des intérêts stratégiques » dans la région. Cela pourrait aussi impliquer un « accord de non-ingérence », où chaque puissance s’engage à limiter son soutien aux belligérants en échange de concessions économiques ou politiques. Ce processus a été utilisé avec un certain succès dans d’autres conflits régionaux, comme la « conférence de Berlin » en 1884-1885 pour le partage de l’Afrique, bien que controversé.

La question de savoir qui doit mener la médiation est essentielle. En dehors de l’ONU et l’Union africaine (UA) qui ne jouissent d’une crédibilité totale dans ce contexte, une solution pourrait être de former un groupe restreint de médiateurs composés d’acteurs régionaux neutres, comme la « Ligue arabe, avec l’implication de pays comme Oman ou Koweït », qui ont joué des rôles de médiateurs dans d’autres conflits du Moyen-Orient.

Un groupe restreint de médiateurs pourrait se concentrer sur un « processus de dialogue national », supervisé par des pays qui n’ont pas d’intérêts directs dans le Soudan. L’objectif serait de créer une plateforme où les parties soudanaises, notamment les Forces armées soudanaises (FAS) et les Forces de soutien rapide (FSR), puissent discuter de « réformes politiques et militaires » pour éviter une reprise de la guerre après un éventuel cessez-le-feu.

Cependant, pour que cela fonctionne, il faudrait non seulement des garanties solides pour les deux camps, mais aussi une « réforme politique profonde ». Cela pourrait inclure la « décentralisation du pouvoir » afin de donner plus d’autonomie aux différentes régions du Soudan, réduisant ainsi les tensions autour du contrôle centralisé du pouvoir. Un dialogue inclusif soudanais, encadré par des réformes politiques et militaires, mais évitant les erreurs d’intégration massive de groupes armés dans l’armée, comme cela a affaibli la RDC.

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