L’ancien locataire de la maison Blanche, Barack Hussein Obama a reçu de l’administration Biden une « mission secrète » auprès du président Sénégalais très combattu par l’opposition pour un probable troisième mandant lors de la présidentielle prévue en février prochain. Des détails révèlent que ces deux hommes d’État se sont entretenus au téléphone dans le plus grand secret, avec l’aide de la Maison Blanche. L’appel, qui s’est tenu à l’initiative de l’Américain, n’a duré que quelques minutes. L’élection présidentielle au Sénégal, prévue en février 2024, était au centre du débat. Obama a directement évoqué la question d’un troisième mandat lors de leur entretien et a fait part à son interlocuteur son inquiétude, ainsi que celle de l’administration de Joe Biden sur les implications d’un nouveau candidat à la présidentielle au Sénégal. C’est la première fois depuis 2017 que Barack Obama sort de sa réserve pour s’impliquer directement dans un dossier international
Obama et sa mission de bons offices
Barack Obama, aux yeux de l’administration Biden, est l’homme au profil qu’il faut pour conduire des mains de maître cette mission et convaincre l’actuel chef de l’état sénégalais à renoncer à sa volonté de briguer un troisième mandat en violation de la constitution. En avril dernier, ces deux hommes se sont encore entretenus en présence du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, proche de Barack Obama à la Maison blanche. Ce qui fait que ces deux hommes ont des relations tout à fait particulières, car depuis sa première élection en 2013, Barack Obama a choisi le Sénégal pour sa première grande tournée africaine. Un séjour qui a largement contribué à rapprocher Barack Obama et Macky Sall. L’ancien sénateur de l’Illinois a franchi une étape symbolique sur l’île de Gorée, haut lieu de mémoire de la traite négrière vers les Amériques. Visite particulièrement mémorable pour l’ex-Première Dame Michelle Obama, dont la famille descend d’esclaves victimes de la traite triangulaire.
Macky Sall reste concentré sur ses objectifs
Malgré plusieurs tentatives de la France et cette dernière prise par les Etats-Unis, Macky Sall semble n’avoir pas obtempéré et cédé aux caprices de ses alliés internationaux. Le président sénégalais reste évasif sur ses objectifs dans toutes ses interactions avec Emmanuel Macron et Obama. Lors d’un déjeuner de travail, le 31 janvier, à l’Elysée, le président français avait abordé le sujet sans détour. Entre les lignes, il avait mis l’accent sur les nombreuses possibilités de reconversion qui s’offraient au président sénégalais sur la scène internationale. Un message sensiblement similaire à celui transmis par Barack Obama, lui-même à la tête de sa propre fondation The Obama Foundation depuis qu’il a quitté le pouvoir.
Il a, à chaque fois, évoqué le délicat contexte régional, entre explosion de la menace djihadiste et émergence de juntes militaires. Une situation qui pousserait plusieurs de ses pairs de la communauté économique pour le développement des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) à vouloir le voir rempiler au nom de la “stabilité régionale”, selon ses mots.
Au Sénégal, la majorité présidentielle ne jure que sur la candidature de Macky Sall à la présidentielle de 2024. C’est le cas notamment de son parti l’Alliance pour la République (APR) qui organise déjà une série de meetings et rassemblements populaires pour mobiliser la population sur cette probable candidature. A quelques jours des élections, le président s’est lui-même lancé à une chasse à l’homme contre l’opposition pour se tailler une place avant la date tant attendue. Pourtant, il y a quelques jours, Paris et Washington voyaient dans le président sénégalais un personnage capable d’incarner la lutte contre les troisièmes mandats dans toute l’Afrique de l’Ouest. Un rôle désormais presque entièrement joué par l’ancien président nigérian Mahamadou Issoufou , ardent partisan de la limitation du nombre de mandats des pays de la CEDEAO, malgré les projets de cette organisations régionale à cet égard ont plus vulnérables que jamais.
Washington craint le pire
Les Etats-Unis d’Amérique se sont toujours opposés aux troisièmes mandats sur le continent africain. Washington ne cache jamais son inquiétude quant aux aspirations présidentielles du Sénégal pour l’élection de 2024, malgré un climat social déjà dégradé dans le pays. Devenu l’important allié de Washington depuis 2000 tant sur le plan diplomatique que militaire, le Sénégal joue un rôle important dans la stratégie américaine. Une exigence pour tous les secrétaires d’État, tant démocrates que républicains de passer par le Sénégal. Une position aidée par la belle image de Dakar hors atlantique : le Sénégal est fréquemment présenté comme une exception démocratique dans une Afrique francophone plus fragile que jamais en raison de la question de la transition politique.
©2023- Paulin AGANZE, LNL News